Le Cadre noir de Saumur est cité comme la composante la plus visible de la mouvance qui se reconnait dans les pratiques de l’équitation de tradition française. Il est toutefois manifeste que les ressortissants de cette large Communauté ne se limitent pas à un groupement aussi restreint, mais englobent, au contraire, de fort nombreux acteurs, tant en France qu\'en dehors de nos frontières. C’est pourquoi, nous avons enregistré, avec satisfaction, la prise de conscience de ce fait patent par l’Institut français du cheval et de l’équitation. Nous nous réjouissons donc de la décision de cet organisme d’inviter à une réflexion élargie sur les conditions qui devront présider, dès à présent, à l’établissement d’un plan de sauvegarde du patrimoine commun et à la préservation de tous les aspects de sa "viabilité effective".
Il ne pouvait guère en être autrement, tant est flagrante la démonstration, faite lors des premières Rencontres d’octobre 2014, que la communauté des porteurs et amis de l’équitation de tradition française s’étend largement au-delà du périmètre des écuyers actuels et anciens du Cadre noir.
Or l’UNESCO insiste formellement sur la nécessité que les programmes de "revitalisation permanente" mis en place dans le cadre d’un plan de sauvegarde soient prioritairement l’affaire des individus et groupements concernés, agissant de concert avec les Etats-parties dont ils relèvent. Pour notre Communauté, il s’agit donc bien de "donner à ce patrimoine vivant tout le relief et le dynamisme nécessaires à sa transmission et diffusion", c’est-à-dire de poursuivre son identification, d’en parfaire la documentation, de déterminer l’ordre des axes de recherche, d’organiser la promotion et la mise en valeur, d’en assurer la transmission par l’éducation formelle et non formelle, enfin de garantir sa revitalisation permanente.
C’est dans cet esprit que nous proposons le regroupement, au sein d’une organisation structurée, d’écuyers, de responsables d’établissements d’enseignement équestre et de cavalières, cavaliers ou associations de cavaliers partageant notre adhésion aux principes de l’équitation de tradition française et notre détermination à en préserver l’essentiel, afin de constituer un lieu d’échanges, de concertation et d’initiatives communes.
Renforcer les actions déjà engagées par chacun, en inventer de nouvelles, peser sur les institutions : tel sont les objectifs. En poursuivant ces derniers, nous avons l’ambition de devenir une force de proposition, capable de faire entendre sa voix auprès de nos responsables publics. Nous serons alors en situation de leur livrer notre éclairage sur les mesures utiles et/ou nécessaires pour mieux tenir et réaliser les engagements qu’ils ont pris devant la communauté internationale. Ce sera notre contribution active au rayonnement de l’équitation de tradition française, à sa sauvegarde et à sa transmission effective.
Sans le moins du monde occulter les différences qui peuvent nous marquer les uns ou les autres, mais sans jeter le moindre anathème, nous affirmons haut et fort que l’équitation de tradition française est un concept fédérateur, ayant vocation à regrouper et à mettre en réseau tout ce que le monde équestre compte de pratiquants soucieux d’une relation de grande harmonie avec leurs chevaux. Ce ciment est de nature à agréger, à lui seul, tous ceux qui, récusant, en toutes circonstances, les effets d’une coercition déplacée, souhaitent employer le cheval dans le calme et la sérénité qui conduisent à la découverte de la légèreté, du tact et de la finesse.
Dans ce cadre, notre groupement communautaire présente toutes les garanties pour prétendre à un partenariat étroit avec les institutions publiques en charge d’animer la vie de la filière et des professions du cheval : pris collectivement, nous sommes en capacité de prouver l’étendue de la Communauté soutenant l’équitation de tradition française ; mais nous sommes aussi préparés sérieusement à concevoir et à développer, à mettre en œuvre toutes les actions permettant d’étoffer le plan de sauvegarde dont la mise en place est exigée par l’UNESCO en échange de la pertinence du label patrimonial qu\'elle nous a délivré, à titre provisoire, en 2011.
2019 est l’échéance à laquelle nous devrons avoir démontré cette pertinence par la mise en place opérationnelle d’un plan de sauvegarde cohérent de notre équitation de tradition française.
En documentant davantage le contenu de nos pratiques équestres, en luttant aussi contre celles qui manifestement transgressent nos barrières éthiques ou esthétiques, nous participerons à la sauvegarde de notre patrimoine. En diffusant nos convictions dans les domaines de l’enseignement équestre et de la relation au cheval, mais aussi dans le grand public, nous entendons contribuer activement à la défense de \"l’art et la manière", tels que décantés par nos prédécesseurs au fil des cinq derniers siècles.
À tous ceux qui veulent se rallier à nos objectifs et soutenir activement notre approche générale ou nous témoigner leur sympathie, nous disons : rejoignez-nous et soutenez-nous sans tarder !
Signé : Patrice Franchet d’Espèrey — Bernard Mathié — Simon Gleize — DanyLahaye — Luc Pirick — Claude Césario —François-Xavier Bigo — Pascale Berthier-Herzog — Joël Laugier — Nathalie Moulinas —Audrey Van den Bosschen-Duriez — Henri Daffos — Jean-Marc Pons — Joël de Place — Christian Kristen von Stetten — Stéphane Béchy — Jean-Michel Bertrand — Yves Grange —Sylvie Anduze-Acher — Guillaume Antoine —Sabrina Lepienne — Isabelle de Padirac— Bernard Sachsé — Adamo Walti — Ludo Pausé