DEFINIR  L'EQUITATION FRANCAISE 

 

 

                                              "Le respect du passé n'est pas sa duplication frileuse, mais bien sa subversion hardie :

                                               La fidélité à la tradition n'est pas l'immobilisme mais l'effort pour retrouver

                                               le dynamisme qui lui a permis de s'instaurer.

                                               L'homme ne peut être véritablement fier de ses racines qu'à l'observation

                                               de ce qu'elles ont permis de produire

                                               et non à la contemplation de leur état de conservation." 

 

                                                                              Philippe Meirieu,  Enseigner, scénario pour un métier nouveau, Éditions ESF, 1991.

 

 

Si l’équitation française, après son inscription sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l'humanité, reste au cœur du débat, sa définition et sa sauvegarde demandent une vigilance accrue. Plusieurs sensibilités se sont faites jour depuis un demi-siècle et cette diversité au sein d’une même pensée ne peut qu’être bénéfique à son évolution. Bien que l’on constate qu’elle ne puisse se résumer aux seuls critères de la compétition, ces derniers doivent aussi participer de la dynamique générale sous peine de remettre en cause toute action institutionnelle en sa faveur. Certains pourraient être tentés de n’y voir qu’une injonction paradoxale qui conduirait à un balancement dialectique à l’infini entre thèses et antithèses sans jamais aboutir à la moindre synthèse. L’équitation française peut se définir en dehors des conditions d’exploitation ou d’utilisation du cheval, simplement en fonction du bien de ce dernier. Elle ne peut s’épanouir qu’en se plaçant avant toute démarche sportive ou commerciale. Elle ne les exclue pas. Elle existe pour elle-même. Au-delà du rapport à l’animal, elle présente une forme de rapport à la nature susceptible d’éduquer les jeunes à une coopération raisonnée entre les exigences de l’homme et le respect de l’environnement.

« En effet, cette équitation demande que la discrétion des interventions du cavalier et de l’écuyer oriente tous les principes et tous les processus de l’éducation du cheval. La fluidité des mouvements et la flexibilité des articulations assurent qu’il participe volontairement à l’exercice suggéré. » Jean Lagoutte et Patrice Franchet d'Espèrey, extrait du premier dossier d'inscription de l'équitation de tradition française sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l'Unesco déposé le 15 juillet 2009)

Elle se caractérise par un style fait d’élégance et de simplicité des moyens mis en œuvre. Cette « manière » réside dans « la légèreté » définie comme « la mise en jeu par le cavalier et l’emploi que fait le cheval des seules forces utiles au mouvement envisagé » par le général L’Hotte. Cette définition suppose qu’il ne s’agisse pas de mouvement ou d’allure forcés d’une part et d’autre part que cette mise en jeux résulte d'actions réduites à de simples touchers ou pressions devenues invisibles et secrètes. On peut penser que la légèreté puisse être absolue dans le travail au manège. Dans ce cas la mobilité moelleuse de la mâchoire inférieure du cheval indique l’état de décontraction et de flexibilité de l’ensemble du cheval, elle en est l’indice révélateur, l’observable. On l’appelle légèreté relative dans la pratique sportive qui exige de fortes dépenses d’énergie. Elle se confond alors avec l’absence de résistance aux effets des aides du cavalier qui seront plus senties puisque l'objectif est de développer la puissance musculaire du cheval..

Enfin, l’assiette à la française, qui présente un engagement des fesses du cavalier sous lui uni à la descente de ses cuisses, ne sera pas étrangère à cette élégance et simplicité qui donne au cheval sa liberté d’expression dans la descente de main.

Ne nous voilons pas la face. Au-delà des mesures de transmissions et de sauvegardes qui relèvent des institutions, il faudra toujours compter sur la présence d’adeptes sincères, de bonne foi et… travailleurs.