
ISBN 978-2-38359-082-8
format 158x240 348 pages
prix public TTC 24 €
Préface de Patrice Franchet d'espèrey :
Le livre de Jean Donnadieu renferme des trésors qui incitent à une lecture prolongée suivie d’un temps de méditation. Le lecteur peut le parcourir comme un reportage documentaire et se satisfaire d’apparences plus ou moins exotiques et dépaysantes.
Cependant, il sera emporté presque malgré lui à sonder la richesse transformatrice de l’expérience de l’auteur et la profondeur des principes sur lesquels reposent non seulement la discipline du Yabusame mais l’art de vivre ancestral des japonais. Des dizaines de siècles concentrés dans un geste, le lâcher de la flèche. Ce texte révèle des mystères qui régissent l’art de transmettre autrement que chez nous...
L’œuvre de Jean Donnadieu est une gageure qui fait entrer le Yabusame dans l’espace de la rationalité descriptive alors que la pédagogie japonaise se fonde sur un enseignement oral et l’emploi de métaphores et d’images. C’est un témoignage, non d’un simple observateur, mais un témoignage de ce qu’a vécu un pratiquant imprégnéd’une autre forme depensée que celle de sa naissance...
Dans la richesse de ce livre qui dévoile les différents aspects du Yabusame, on découvre aussi les techniques artisanales ancestrales, le tressage des coiffures, la fabrication de l’arc, des flèches, du harnachement, le détail de l’habillement, le contexte religieux shintoı̈ste, les rituels, les sanctuaires où se déroulent les cérémonies....
Qu’en reste-t-il, lorsque la lecture est achevée et que le livre se referme sur lui-même ? De même, lorsque la troisième flèche est tirée, qu’elle a atteint la cible, que reste-t-il ? La flèche a joué son rôle, l’arc s’est brutalement détendu et, pendant que le cheval reprend son souffle et que l’esprit de l’archer oublie, douze siècles, soit 32 générations de relations continues de maı̂tre à élève s’achèvent à nouveau. Je ne peux laisser le lecteur entrer dans le texte lui-même sans évoquer l’art du photographe Moriyama Masatomo. On parle « d’instantané» qui découpe une tranche detemps et la met en conserve. Avec son « clic » de moins d’une seconde, l’œil duphotographe capture plus que 32 générations, toute une civilisation et nous donne à contempler des moments immuables : la beautédes objets, le chatoiement des étoffes, les cerisiers en fleur derrière les archers chevauchant, la lumière du jour qui pointe à peine, l’aube qui nous remet au travail, la « furia » au galop, l’impact de la flèche. Ajoutons que la photographie de Ogasawara Kiyomoto, le maı̂tre de l’auteur est un chef-d’œuvre de dépouillement, d’ascétisme...
D’UNE MAIN DÉLIÉE - PRATIQUE D’UNE NOUVELLE ÉQUITATION À LA FRANÇAISE .
