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Patrice Franchet d'Espèrey 

Site dédié à l'équitation française

Le Ramener,

dans sa forme la plus aboutie,

établit l'encolure comme une pyramide au-dessus des épaules du cheval,

le bord supérieur de l'encolure s'arrondit tout en remontant vers la poitrine du cavalier.

 

Il diffère par essence du ramener par avancée de la nuque au-dessus du mors obtenue par  poussée de l'arrière-main sur une main fixe. Cette dernière technique caractérise la mise sur la main.

 

 René Bacharach sur Cantador 1972

 

 

LA MISE EN MAIN

se définit par la « décontraction de la bouche dans le ramener. C’est un mouvement de la langue analogue à celui qu’elle exécute pour la déglutition et qui soulève le ou les mors. » Général Albert Decarpentry, Équitation académique, 1947

 
Dans l'emploi des aides qui caractérise la mise en main, la main commence le premier effet et les jambes  accompagnent ce mouvement, ainsi que le décrit François Robichon de La Guérinière dans École de cavalerie de 1733.


L’appui sur le mors se réduit momentanément au contact minimum jusqu’à la descente de main au cours de laquelle le cheval prend en charge sa posture quoique le cavalier  lui rende la main et le laisse continuer son mouvement de lui-même, les rênes étant complètement flottantes.


La mise en main est orientée vers la recherche de la flexibilité des ressorts du cheval considéré comme un danseur étoile qui tente d'exprimer une intention poètique et philosophique. La mise en main est le fondement de l'équitation à la française.

 

LE RAMENER

 

doit être obtenu à partir de la mobilité de la mâchoire, c'est-à-dire lorsque l'on ne sent plus aucune tension sur les rênes, et la bouche doit suivre la main sans qu'aucune tension ne réapparaisse, donc dans la mise en main, pas de tension sur les rênes !

 

Quelques précisions concernant

LA  MOBILITE DE LA MACHOIRE

Voici un exercice (voir la vidéo ci-dessous) pour l'obtenir par un travail d'ensemble qui n'exclut pas, cependant, une éducation spécifique de la bouche :

Marcher droit et relever progressivement l'encolure à chaque pas en suivant bien les mouvements horizontaux et en agissant vers le haut au moment où l'encolure fait elle-même ce mouvement naturel qui caractérise un des temps de la foulée au pas.

Relever jusqu'à  ce que le cheval s'arrête et demander par un nouvel effet d'élévation, mais sans forcer, quelques pas de reculer en décomposant bien chaque pas : demander chaque pas séparément du suivant, dès qu'il s'effectue, abandonner complètement la tête pour qu'il recule totalement libre mais sans abaisser l'encolure ;

laisser chaque pas mourir de lui-même avant de demander le suivant et dès que la mobilité de la mâchoire apparaît (c'est dans ces conditions qu'elle apparaît, c'est parfait car alors on n'a pas besoin de faire une éducation spécifique et locale de la mâchoire, cela vient des conditions générales de flexibilité que donnent l'élévation dans le reculer) marcher en avant en avançant complètement les mains pour être sur que l'encolure retrouve tout son jeux naturel vers l'avant ;

Une fois la marche en avant bien entamée, reprendre le contact de la bouche et suivre tous ses mouvements tant qu'il n'y a pas de tension exercée sur les rênes et tant que la base de l'encolure se soutient. Dès qu'une tension apparait, relever pas à pas en marchant jusqu'à l'arrêt, reculer, etc. faire tout cela sur une ligne droite et dès que le contact avec la main est bon, marcher sur des courbes. Traiter les tensions sur la main comme précédemment.

Quand tout va bien, l'encolure doit présenter une légère courbe harmonieuse, la tête ne doit pas faire un mouvement de pioche de haut en bas et la nuque ne doit pas se fermer d'elle-même et plus que le reste de l'encolure. La courbe doit rester très légère et la nuque doit continuer à bouger naturellement. La main doit avoir la sensation que tête et encolure sont complètement flexibles et soutenues.

 

LA PLASTICITE POSTURALE

 

C'est la faculté que possède le cheval de passer à tout moment d'une posture à une autre en conservant sa flexibilité, de passer du ramener à l'élévation de l'encolure avec la nuque ouverte, de cette élévation au ramener ou à l'extension de l'encolure le nez se rapprochant du sol puis de revenir à l'une ou l'autre de ces postures en suivant la main sans exercer de tension sur les rênes au cours de ces changements. Ces passages d'une posture à une autre doivent devenir un jeu permanent qui maintient la flexibilité de l'ensemble du cheval et l'empêche de se figer du point de vue musculaire.

 

  

POUR UNE NOUVELLE EQUITATION A LA FRANCAISE

communication de Patrice Franchet d'Espèrey,

écuyer du cadre noir de Saumur

donnée le jeudi 8 décembre 2011 dans l'amphithéâtre de l'Ecole nationale d'Equitation au cours du colloque "Les patrimoines de l'équitation française"

INTRODUCTION

L'équitation savante, élaborée en France depuis le XVIe siècle et le retour d'Italie des écuyers qui avaient fréquenté les académies, cultive l'ambition de retrouver, sous le cavalier, la beauté des allures et des attitudes du cheval lorsqu'il se meut en liberté.

Le cavalier, pour y parvenir, doit imposer sa volonté à une monture qui elle-même est soumise à des contraintes structurelles. Son squelette est spécialisé pour la course et son cortex sensori-moteur est réduit notamment en ce qui concerne le territoire cortical dévolu à la locomotion volontaire, ainsi que l'a montré Christophe Degueurce précédemment.

D'où la nécessité de s'interroger sur cette intention de notre équitation savante et sur les contraintes qu'elle impose au cheval monté. Lorsque le cavalier cherche à fixer la posture de l'avant-main dans le Ramener, dans quelle mesure modifie-t-il celle du cheval libre de ses mouvements ?

Plusieurs options s'offrent au cavalier. Une parmi les plus répandues aujourd'hui veut que la locomotion puisse se dérouler et se développer quelles que soient les contraintes imposées à l'avant-main et même grâce à elles.

Une autre voie s'ouvre à ceux qui se proposent d'examiner le cheval libre et d'essayer de stabiliser son équilibre en lui conservant sa plasticité posturale et en accompagnant ses mouvements locomoteurs naturels.

Impliquant un emploi des aides adapté, la liberté accordée ainsi aux mouvements de l'encolure, de la tête, de la langue et de la mâchoire inférieure du cheval devrait nous orienter vers la pratique d'une nouvelle équitation à la française. C'est ce que je vais tenter d'exposer dans les lignes qui suivent. 

 


 XENOPHON, les origines de l'équitation savante

Cette ambition de retrouver, sous le cavalier, la beauté des allures du cheval lorsqu'il se meut en liberté émerge dès l'antiquité grecque dans l'oeuvre de XÉNOPHON, De l’art équestre, écrit à Scillonte entre 391 et 371 avant notre ère. C'est le premier traité qui nous soit parvenu complet.

 Xénophon décrit pour le citoyen athénien le beau et bon cheval, comment l’acheter, l’entretenir et le dresser dans la perspective de la guerre et la défense de la Cité.

A la fin de l’ouvrage, apparaît un autre cheval, celui qui est monté dans les processions en l’honneur des dieux. Or, ce qui plait aux dieux des grecs c'est la beauté.

La procession des Panathénées sculptée par Phidias pour la frise du Parthénon

 

  

La recherche du beau et du bien

« Si quelqu’un, montant un bon cheval de guerre, veut le faire paraître avantageusement et prendre les plus belles allures, qu’il se garde bien de le tourmenter, soit en lui tirant la bride, soit en le pinçant de l’éperon ou en le frappant avec un fouet, par où plusieurs pensent briller. […] Conduit, au contraire, par une main légère, sans que les rênes soient tendues, relevant son encolure, et ramenant sa tête avec grâce, il prendra l’allure fière et noble dans laquelle d’ailleurs il se plaît naturellement ; car quand il revient près des autres chevaux, surtout si ce sont des femelles, c’est alors qu’il relève le plus son encolure, ramène sa tête d’un air fier et vif, lève moelleusement les jambes et porte la queue haute. Toutes les fois qu’on saura l’amener à faire ce qu’il fait de lui-même lorsqu’il veut paraître beauon trouvera un cheval qui, travaillant avec plaisir,aura l’air vif, noble et brillant. » Trad. Paul-Louis Courier, 1834

 

 

La recherche du beau considérée comme moyen d’accéder au vrai s’accompagne ici de la notion aristotélicienne de l’imitation de la nature qui est belle et bonne. Le cheval qui travaille avec plaisir montre qu'il s'agit bien d’une maïeutique, c’est-à-dire d’une forme d’accouchement de soi-même, de l’accès à une vérité intérieure qui se manifeste par une conduite de joie, tant de la part du cheval que de son cavalier.

Du point de vue qui nous intéresse, nous pouvons souligner deux points essentiels présents dans ce texte qui sont les deux intentions poétiqe et philosophique sur lesquelles reposent notre équitation savante : la douceur des moyens employés par le cavalier pour indiquer sa volonté et rendre au cheval monté la grâce des attitudes et des mouvements qu'il a naturellement en liberté quand il veut faire le beau et déployer tous ses moyens.

 

Mêmes intuitions à la Renaissance

 

Vingt siècles plus tard, en Occident, dès les débuts de la Renaissance italienne, réapparaît une équitation fondée sur la douceur des moyens employés.

Ferdinand d’Aragon dans une lettre du 23 mai 1498 au marquis de  Mantoue l'explicite bien :

 

« Pour répondre ici à ce que vous m’avez demandé, c’est-à-dire, s’il est nécessaire qu’un cheval bien dressé doive obéir aussi bien à la jambe qu’à la main comme si, sans l’action répétée de la main ou de la jambe, on ne pouvait diriger toutes les opérations décidées par le Cavalier ; alors que vous avez par ailleurs vu évoluer des chevaux sans aucune aide avec les jambes fermes du cavalier qui paraissaient immobiles, et encore d’autres qui ont très bien guidé leur cheval sans l’aide de leurs jambes. Aussi en fonction de mon savoir et dans la logique de notre raisonnement, je vous répondrais qu’étant donné la fonction de la main qui est de guider les épaules, celle des jambes de guider les hanches, la distance qui existe des épaules aux hanches et enfin le fait que celles-ci soient des parties opposées, on arrivera avec l’art du dressage à faire en sorte que le cheval opère avec une parfaite synchronisation des membres antérieurs et postérieurs. Mais il est vrai aussi que, une fois que le cheval est dressé et qu’il comprend toutes les aides, il faut monter sans leur aidemais cela est école pour Princes. »


L'équitation savante devient ainsi la métaphore de l'exercice du pouvoir politique. Le souverain qui maitrise son cheval sans y toucher, a acquis par-là la capacité à gouverner les hommes sans employer la force.

 

Quelques années plus tard, les moyens employés pour y arriver sont exposés par Federigo GRISONE, gentilhomme napolitain et premier écuyer italien des temps modernes à avoir publié un traité (en 1550). Il  décrit ainsi ce qu'il nomme le « fondement de sa doctrine » : 


« [Lorsqu'un cheval] s’embride, le mufle retiré pour aller férir du front, il n’en sera pas seulement plus ferme de bouche, mais aussi il tiendra son col ferme et dur jamais ne la mouvant hors de son lieu, et avec un doux appui s’accompagnera et agencera de sorte la bouche avec la bride, la mâchant toujours qu’il semblera qu’elle y soit miraculeusement née. »

 

Cette citation donne la description exacte de ce que nous appelons la "mise en main", technique de base de l'équitation ancienne pratiquée en France à la suite des guerres d'Italie, ainsi que du bauchérisme qui représente un renouveau de l'équitation savante française au XIXe siècle.

  

 François Ier

La reconstruction posturale du cheval

 

Pour mettre en oeuvre leur programme, les écuyers italiens font travailler leurs chevaux dans un équilibre particulier pour en obtenir une meilleure mobilité en tous sens, mais surtout qui "allie au déplacement, confort et légèreté". Cet équilibre est obtenu grâce à une "modification substantielle sur la durée et en profondeur de LA POSTURE DU CHEVAL" (Dominique Ollivier, Dictionnaire d'équitation, Agence cheval de France, 2003, p. 249) non seulement dans son avant-main par le ramener mais dans tout son ensemble par le rassembler. (Le concept de "reconstruction posturale du cheval" a été mis en lumière et défini par Dominique Ollivier, "Rôle de l'aplomb dans l'équilibre dynamique de l'épaule en dedans" dans François Robichon de La Guérinière, écuyer du roi et d'aujourd'hui, colloque du 14 juillet 2000 à l'Ecole nationale d'Equitation (dir. Patrice Franchet d'Espèrey), Belin, 2000)

 

Les deux aspects du rassembler

Le rassembler se caractérise :     

 

Par
l’avancée
des
postérieurs
pour une
plus
grande
prise en
charge de
la masse,

© D. Ollivier

et le
reflux du bras de
levier tête-encolure
au-dessus des appuis antérieurs

   

Le RASSEMBLER, comporte deux aspects :

 

 

© D. Ollivier5

 

 

 

B : Le redressement de l’encolure

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A : La bascule du bassin

 

 

Le cavalier de fer

 

La position dite du « cavalier de fer » Kiba-dachi - en japonais (騎馬立ち) - est une position de garde commune à différents arts martiaux japonais.

  

qui permet de mieux comprendre

l’intervention de

l’homme sur

l’équilibre du cheval

 

 

 

Les deux options du dressage

 

Pour parvenir à faire entrer le cheval dans un équilibre rassembler stable, pour maîtriser et influencer ses mouvements,

le cavalier dispose de deux options techniques qui consistent,

 

l'une, à fixer la tête et l’encolure

au début du dressage

et l'autre, à les stabiliser au cours du dressage

au fur et à mesure des progrès de l'équilibre

et de la décontraction

Fels monté par le Colonel Gerhardt      Vallerine montée par le Capitaine Beudant

 
 

La première option correspond au modèle biomécanique du cheval comprimé sur lui-même

la métaphore qui lui appliquée est celle du fleuret poussé contre un mur

 

c'est la technique de LA MISE SUR LA MAIN

 Un cheval est sur la main lorsque : 

« Pousser en avant par les jambes et ayant cesser de résister dans son encolure et dans sa nuque, le cheval conserve avec la main un contact constant et en accepte les actions sans contrainte ».

Elle utilise le point d’appui sur la main, invention d’Antoine d’Aure exposée dans son Cours d’équitation militaire de 1850.

Pour l'obtenir l’action des jambes précède celle de la main, ce qui a pour conséquence de créer un contact constant de la bouche du cheval avec la main du cavalier sur des rênes tendues.

 L’équitation sportive, y compris le dressage de compétition, trouve dans cette technique un moyen bien adapté au développement de la puissance musculaire du cheval considéré comme un athlète tendu vers la performance.

 

La seconde option correspond au modèle biomécanique du cheval qui s’autograndit

 La métaphore qui en rend compte est celle de la canne à pêche

Plus cette canne se redresse à sa base, plus elle s’arrondit à son sommet

La technique utilisée est celle de LA MISE EN MAIN


qui se définit comme la « décontraction de la bouche dans le ramener. C’est un mouvement de la langue analogue à celui qu’elle exécute pour la déglutition et qui soulève le ou les mors. » Général Albert Decarpentry, Équitation académique, 1947

 
Dans l'emploi des aides qui caractérise la mise en main, la main commence le premier effet et les jambes  accompagnent ce mouvement, ainsi que le décrit François Robichon de La Guérinière dans École de cavalerie de 1733.


L’appui sur le mors se réduit momentanément au contact minimum jusqu’à la descente de main au cours de laquelle le cheval prend en charge sa posture quoique le cavalier  lui rende la main et le laisse continuer son mouvement de lui-même, les rênes étant complètement flottantes.


La mise en main est orientée vers la recherche de la flexibilité des ressorts du cheval considéré comme un danseur étoile qui tente d'exprimer une intention poétique et philosophique, comme nous l'avons vu déjà présente chez Xénophon. La mise en main est le fondement de l'art de l'équitation à la française.

 

 Comment peut-on essayer de contraindre le moins possible le cheval à conserver sa posture ?

 

Observons les déplacements du cheval en liberté (vidéo : la locomotion du cheval en liberté)

 

La locomotion des chevaux ressemble à celle des poules, l'encolure et la tête avancent et se rétractent à chaque foulée sur une ligne à peu près horizontale en ce qui concerne la bouche ; la nuque s'ouvre et se ferme en conséquence et cela aux trois allures, même si l'oeil le perçoit moins au trot. Ainsi, l'encolure est-elle animée d'oscillations verticales qui font partie de la coordination motrice héréditaire au même titre que les membres.

De la mâchoire en passant par la nuque et jusqu'aux dernières vertèbres cervicales il y a une série d'articulations dont nous devons tenir compte. Leurs mouvements sont nécessaires à la locomotion et se manifestent à l'oeil par ouverture et fermeture de la nuque à chaque foulée. Ces mouvements doivent être préservés.

De plus, lorsque  l'articulation de la mâchoire se mobilise sous l'effet d'une tension de rêne, la main doit laisser ensuite le mâchoire inférieure revenir au repos, au contact de la mâchoire supérieure.

 

 

 

 

Le cercle infernal

La main qui cherche à tenir la tête du cheval modifie la trajectoire naturelle de la bouche et l'ensemble des mouvements de l'avant-main.

Si la main se positionne en point fixe, elle devient le centre d’un cercle dont les rênes sont le rayon, la tête ne pouvant plus avancer, les déplacements de la bouche se font sur un arc de cercle, par conséquent de bas en haut et de haut en bas et plus ou moins vers l'arrière. Elle exécute alors une sorte de mouvement de pioche caractéristique, le chanfrein passant régulièrement en arrière de la verticale quand il ne s'y positionne pas définitivement.

 

 

Influencer sans détruire

Pour sortir de cette impasse et conserver les mouvements naturels tout en stabilisant l’avant-main dans une nouvelle posture (en élévation, en descente, en ramener, selon les besoins), il faut accompagner ces mouvements pour les influencer (sans les perturber, les bloquer ou les détruire), leur permettre de prendre plus d'amplitude ou les réduire si nécessaire, tout en les laissant s'effectuer

C'est un domaine de recherche qui s’ouvre.


Dans les vidéos qui suivent, je propose une première approche. Je ne détaille pas la technique mise en oeuvre afin de permettre à  chacun d'explorer son propre univers.

 

 La carrière du cheval Katiki

Le cheval Katiki, reconverti au manège après une exceptionnelle carrière de course, a contribué à illustrer mon propos.

 

Vous allez le voir dans la vidéo suivante, ayant décidé de ne plus prendre son départ. 
La deuxième partie le montre après être passé dans les mains de Nicolas Blondeau : il prend alors correctement son départ et gagne la course.

 

Il est dans tout le développement de son galop. Son équilibre, très différent de celui filmé dans le manège, permettra à chacun de se faire une idée du chemin parcouru au cours de sa deuxième carrière.

  

Pour conclure

L‘Unesco recommande de « sauvegarder sans figer ».


Dans cet esprit je propose une citation du docteur Suzuki qui fut le premier zéniste à briser

la loi du silence et à exposer cette doctrine à l‘Occident :

 

"Ne cherchez pas à marcher sur les traces des Anciens ; cherchez ce qu'ils ont cherché.“

Suzuki, Les chemins du Zen, Edons du Rocher, 1990


Pour compléter cette recherche, nous suggérons qu’il puisse s‘agir


d‘expérimenter avec l‘innocence du premier qui a trouvé :


« Le maître qui créa pour la première fois le tai ji en eut la révélation par l’illumination de son être et par la conscience qui lui fut donnée de la nature de son corps. C’est son propre corps qui l’instruisit ; c’est lui qui fut son maître de sagesse … Le maître élabora alors cette magnifique suite de mouvements dans sa pureté originelle, c’est-à-dire non encombrée par un savoir plaqué de l’extérieur ou modifié par ce qu’en attendent les autres.

Dans sa forme la plus pure, à un degré élevé, le tai ji devient presque invisible : tellement subtil que vous ne pouvez même plus admirer l’agencement de ses figures, tellement insaisissable que vous n’avez plus de point de repère auquel vous raccrocher : il n’y a plus de structure établie. Le seul moyen de vous y retrouver, c’est d’y pénétrer et d’apprendre ce qu’il est, en en faisant vous-même. Les principes abstraits ne vous apprennent pas grand-chose parce qu’ils viennent d’un savoir extérieur.»

Chungluang Al Huang, Tai Ji, danse du Tao, Trédaniel,1986

 

Pour obtenir un changement de direction, tourner et parcourir des lignes courbes, le cavalier dispose de plusieurs solutions selon l'état de flexibilité acquis au cours du dressage :

 

Une première solution consiste à déplacer la main en ouverture (elle s'écarte de côté en supination, c'est-à-dire les ongles orientés vers le dessus) du côté où l'on veut que se déplace le cheval, en attirant la tête du cheval et les épaules qui elles-mêmes vont être suivies des hanches.

Mais, il arrive souvent que l'orientation des hanches par rapport aux épaules ne change pas et que malgré le déplacement de la tête et de l'encolure du côté où l'on désire se diriger, le corps du cheval continu à se déplacer sur la ligne droite initiale (il y a comme une rupture dans la liaison entre l'encolure et le tronc). On peut alors modifier la position des hanches par rapport aux épaules en les déplaçant dans le sens opposé. Pour cela, la jambe du dedans vient au secours de la main qui effectue son effet d'ouverture ; c'est ce que l'on appelle un effet latéral.

Le général L'Hotte l'indique dans le chapitre IV de ses Questions équestres (1906) : "Pour éviter ce manque d'accord entre les deux bouts du cheval, il faut tout d'bord, et par une légère déviation des hanches, disposer le foyer d'où part l'impulsion dans le sens répondant à la nouvelle direction à prendre ; l'attitude donnée à la tête et à l'encolure faisant aussitôt écho à la déviation des hanches."

"... la disposition des hanches détermine le changement de  direction ; tandis que l'attitude donnée à la tête et à l'encolure ne peut que le solliciter."

Rul, dans Le bauchérisme réduit à sa plus simple expression, Dumaine, 1857, établit sa progression de dressage sur cette disposition des hanches avant de déplacer les épaules ou des épaules avant de déplacer les hanches.  

La disposition des hanches est donc aussi une deuxième solution plus efficace que la première et même parfaitement efficace.

la troisième solution se trouve dans Equitation académique, Editions Henri Neveu, 1949, où le général  Decarpentry préconise l’incurvation régulière du cheval afin de l’ajuster à la courbe parcourue et d’obtenir les posers des bipèdes latéraux sur deux courbes concentriques. Cette solution préconise de cintrer le cheval pour annuler les effets de la force centrifuge que ce dernier tente de combattre par inclinaison de la masse en dedans de la courbe. Des études scientifiques montrent que  l’incurvation régulière n’existe pas.

 

La quatrième solution consiste à tourner en conservant le cheval droit de hanches et d'épaules et à agir par une rêne d’appui (avec ou sans placer de la tête au dehors) aidée au besoin par la jambe du même côté. Ce léger décalage des hanches en dedans est préconisé par Dupaty de Clam et plus récemment par Dominique Ollivier dans L'épaule en dedans révélées, Ed'hippos, 2010  :

 

 

L’observation de Katiki tournant autour de moi en liberté  m’a permis de mettre à jour sa stratégie.

Lorsqu’il se déplace sur un cercle de faible diamètre, dans la majorité des cas, le côté du dehors apparaît convexe d’une façon régulière alors que les pieds du latéral du dehors, eux, sont alignés dans leurs posers. Le postérieur du latéral du dedans se comporte différemment, il se déplace de biais sous le ventre et vient se poser presque en avant du postérieur du dehors. Ceci est rendu possible par la déviation en dedans du bassin entraînant l'avancée de la pointe de la hanche du même côté.

 

 

Voici les aides du cavalier pour faire entrer le cheval monté dans la même stratégie de tourner. c'est la cinquième solution :

Le pli donné par la main du dedans (effet de rêne du placer[1] qui déplace légèrement le garrot au-dessus de l’antérieur du dehors) employée seule ou  accompagnée de la pression souple du mollet du même côté, amène la pointe de la hanche du dedans vers l'avant et provoque le poser du postérieur presque en avant de celui du postérieur du dehors.

[C’est ce qui donne au cavalier assis sur son cheval l'impression d'incurvation régulière, sensation qu'il est important de percevoir même si ce n’est pas une réalité scientifique. En effet, du côté du dedans le corps du cheval reste droit, bien qu’il existe une possibilité de légère flexion latérale des vertèbres th9 à th12 qui se situent sous la selle au niveau de l'assiette du cavalier. Cette flexion est plutôt négligeable par rapport à l’ensemble de la colonne vertébrale. (Lire à ce sujet dans L’épaule en dedans révélées de Dominique Ollivier, éditions Edhippos, 2010, l’étude biomécanique qui lui est consacrée)]

Le poser du postérieur du dedans devant le postérieur du dehors sert de pivot à toute la masse qui pousse les épaules vers le dedans. Cela est aussi efficace que la disposition des hanches en dehors indiquée par le général L’Hotte, mais sans l’inconvénient de mettre le cheval sur les épaules et de l’obliger à prolonger les appuis des antérieurs au sol. Il n’en reste pas moins que cette disposition des hanches peut rendre de grands services en début de dressage.

Après que la rêne du placer ait incliné le garrot vers le dehors et opéré la disposition du bassin en dedans, vient l’action de la rêne du dehors en appui sur l’encolure pour indiquer le déplacement des épaules en dedans. Elle est d’autant plus efficace que son action est immédiatement suivie d’une remise de main qui redonne toute liberté de mouvement à l’antérieur du dehors qui a un mouvement d’abduction à opérer sur la courbe. La rêne du placer devient passive pendant que la rêne en appui renouvelle son action à chaque foulée sans pour autant réduire ou détruire le placer en dedans.

A l’approche du mur les chevaux cherchent souvent à couper la fin de la volte. Cet appui sur l’encolure (qui tient les hanches derrière les épaules ou les empêche de déraper en dehors) combiné avec la rêne du placer (qui dispose le bassin en dedans) permet aussi un contrôle continu du garrot au-dessus de l’antérieur du dehors. La jambe du dedans peut aussi aider à maintenir toute la masse sur la trajectoire prévue et empêcher le rétrécissement de la courbe.

 

C'est avec le même système d’aides que l'on obtient d'excellents déplacements latéraux et les pirouettes. On n'a plus besoin d'autres aides du dehors pour maintenir les hanches derrière les épaules ou les empêcher de déraper vers le dehors.

Bien plus, l’effet de la rêne du placer qui incline le garrot vers le dehors et dispose la pointe de la hanche vers l’avant prépare bien les départs au galop demandés par le jambe du dedans, après, bien sûr, que le cheval ait été habitué à prendre les départs par aides latérales du dehors et sache incliner le garrot au-dessus de l'antérieur du dedans. Le rééquilibrage du galop se fait facilement en inclinant le garrot au-dessus de cet antérieur du dedans. Sur la vidéo suivante, le cheval exécute une volte suivie d'une épaule en dedans transformée en croupe au mur qui lui est indissociable selon La Guérinière (cette transition permet de modifier l'inclinaison du garrot !)

 

[1] René Bacharach, Réponses équestres, Editions Favre, 1986, p. 42 :  « Rêne du placer – Pour agir la main se mettra toujours en supination (la main doucement fermée, les ongles en dessus). Par la rêne du placer (rêne du dedans), contre la base de l’encolure, la main sent la bouche du cheval. Elle met un peu de poids sur l’épaule du dehors, libérant d’autant l’épaule du dedans qui va entamer le tourner. » 

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